Les agents de bord d'Air Canada ont l'intention de poursuivre leur grève malgré l'ordre de retour au travail, a déclaré le syndicat dimanche, quelques heures seulement après que la compagnie aérienne eut annoncé son plan de reprise des vols.
Le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) a affirmé qu'il contestera l'ordre du Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) de retourner au travail avant 14 h.
«Nous contestons les ordonnances et, dans l’intervalle, on considère qu’on a des droits fondamentaux. On va les exercer. Ce n’est pas un gouvernement sexiste qui va nous en empêcher», a affirmé le syndicat, dans une déclaration écrite.Â
Dans un autre courriel transmis par une porte-parole syndicale, le SCFP a déclaré que les agents de bord «demeuraient en grève».
La ministre fédérale de l'Emploi, Patty Hajdu, a ordonné samedi un arbitrage exécutoire, demandant à la compagnie aérienne et à ses agents de bord de reprendre leurs activités, mettant fin à une grève et à un lock-out après moins de 12 heures.
Le SCFP a accusé la ministre Hajdu d'avoir cédé aux demandes d'Air Canada.
Mark Hancock, président national du SCFP, a indiqué que le syndicat avait reçu un avis du CCRI, tard samedi, l'informant du retour au travail imminent. Il a ajouté que le syndicat estimait que «l'ensemble du processus était injuste».
«Air Canada a refusé de négocier avec nous, et ils ont refusé de négocier avec nous parce qu'ils savaient que ce gouvernement interviendrait sur son cheval blanc et tenterait de sauver la situation», a-t-il dit, devant l'aéroport de Toronto.
Dans un communiqué diffusé samedi soir, le syndicat a aussi dénoncé une situation de conflit d'intérêts, disant qu'une ancienne avocate d'Air Canada, Maryse Tremblay, décidera de la fin des moyens de pression des agents de bord.Â
«Le SCFP a exigé que Maryse Tremblay se récuse dans cette affaire, mais elle a refusé et elle présidera les audiences malgré tout», a déclaré l'organisation.Â
Une «journée d'action»
Air Canada a annoncé dimanche après-midi qu'elle suspendait «ses plans de reprise des activités» à la suite de la décision du syndicat de poursuivre la grève.
La compagnie aérienne a précisé qu'elle planifiait quand même de reprendre ses vols à compter de lundi soir, malgré le syndicat qui dit que les agents de bord ne reviendront pas travailler avant la conclusion d'un accord juste et négocié. Toutefois, elle n'avait pas répondu aux questions à ce sujet. Comment peut-elle croire qu'elle parviendra à rétablir ses activités d'ici ce temps ?.
«Environ 240 vols qui devaient être exploités à compter de cet après-midi [dimanche] sont désormais annulés», a précisé Air Canada dans un communiqué.
Elle avait aussi rapporté que l'arrêt de travail a entraîné l'annulation d'environ 940 vols d'Air Canada et d'Air Canada rouge au cours du week-end.
Air Canada dit que des «options» seront offertes aux clients dont les vols sont annulés, notamment un remboursement complet ou un crédit pour un voyage futur. Le transporteur offrira également aux clients de nouvelles réservations auprès d’autres transporteurs, bien que la capacité soit actuellement limitée en raison de la période de pointe estivale.
De son côté, le cabinet de la ministre Hajdu a indiqué qu'il suivait la situation.
Le SCFP dit inviter Air Canada à revenir à la table des négociations pour négocier une entente équitable. La compagnie aérienne n'a pas répondu à l'invitation du syndicat.
Le syndicat a appelé à une «journée d'action» dimanche, avec des manifestations prévues devant les aéroports de Toronto, Montréal, Vancouver et Calgary.
Natasha Stea, présidente de la section locale 4091 des agents de bord de Montréal, a indiqué que les travailleurs soutenaient la résistance au rappel au travail.
«Je tiens à être très claire : Air Canada choisit d’infliger cela à nos passagers, à notre entreprise, parce que nous sommes le visage de l’entreprise, et ils essaient de nous blâmer pour tout cela et s’allient à leurs amis du gouvernement pour contourner nos droits», a-t-elle mentionné lors d’une manifestation devant l’aéroport de Toronto.
Elle a ajouté que les travailleurs en avaient «assez d’être maltraités et exploités», avançant que l'«entreprise multimilliardaire refuse de verser un salaire décent à ses employés».
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